Attaché bâillonné éclaté

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il y a 5 ans

Au bout de la jetée, derrière le phare, quand on prend la route qui ne mène qu’au fond des entrepôts, il y a un endroit que les marins connaissent bien. Mais il faut de la chance pour tomber sur quelqu’un. Déjà, il faut oser s’aventurer entre les docks pas éclairés. Moi, j’ai été marin, donc c’est un monde que j’aime bien. J’ai servi treize ans, je sais bien comment faire avec les gars, comment ils se laissent convaincre selon leur nationalité, et je vois tout de suite s’ils ont envie de se vider ou pas. J’habite donc à St-Nazaire et je connais la région de fond en comble. Les pédés de la ville, ceux qui vont à Nantes, ceux qui viennent se donner du bon temps à la plage de Ste-Marguerite, dans la roche creuse au-dessus du chemin côtier, je les connais.

J’ai trente-sept ans et honnêtement je fais moins. Plus par chance que par entretien. Je suis toujours assez hâlé, pas très grand, mais taillé dans le roc. Je porte les cheveux assez longs, j’ai une gueule carrée, des yeux vert-gris perçants avec de gros sourcils, et je me laisse toujours pousser une barbe de deux-trois jours. Simplement parce que moi-même j’aime quand ça me râpe la peau, quand le gars laisse des traces après son passage.

Quand je me pointe sur le quai où je vais zoner régulièrement, je me poste à l’endroit où je peux me faire repérer, en-dessous d’un escalier en métal rouillé qui donne sur une porte avec une petite loupiote éclairant le numéro de l’entrepôt. Ainsi, je repère ceux qui arrivent à pieds – à peine débarqués du cargo, ils savent pourquoi ils viennent ici – ou alors ceux qui viennent en caisse, histoire de voir ce qu’il y a, parce que c’est trop alambiqué pour y passer par hasard en pleine nuit.

L’excitation monte d’elle-même, mon mât se dresse vite, j’attends, aux aguets, tous les sens en éveil. Les images du bleu-bite qui m’a cassé le cul la dernière fois me reviennent en tête, je le revois me tenir par les cheveux pour me défoncer la glotte avec son pieu sniffant le manque de douche pendant les manœuvres.

J’entends des pas arriver en face, mêlé au bruit des vagues et du vent. En bonne salope que je suis, je me sens prêt à tout pour une bite, un corps de mec, un corps-à-corps viril. Je sais que lorsque je suis dans cet état-là, je peux m’offrir à n’importe qui. Celui qui arrive a tout l’aspect d’une brute. Il est plus grand que moi. Il porte des sortes de bottes courtes, un pantalon de toile et un blouson en cuir marron qui a vécu. Je vois tout de suite ses mains, comme les miennes, larges et massives, sa gueule ridée, expressive, polie par la mer. Ses cheveux gris sont coupés très courts. Il a un sac à dos et il passe directement dans l’obscurité derrière un container. Dès que je m’approche, il ouvre mon blouson, attr a p e mes tétons et tire fort dessus comme un dingue.

— On your knees! me chuchote-t’il avec un fort accent des pays de l’Est.

Il sort sa queue volumineuse, un peu penchée sur le côté, une vraie pine de taureau sur laquelle je m’empale la gorge. Pas le temps de savourer tellement il va vite, je suis déjà ce qu’il veut que je sois, un trou humide et chaud, un vide-couilles. Je sors mes capotes et mon gel. Je suis quelqu’un de solide, mais lorsque je le vois farfouiller dans son sac pour en sortir une cordelette et un couteau, je flippe, et je fais mine de partir.

— Easy, easy, pas peur petit, il me fait avec une espèce de grimace qui se veut un sourire.

Après tout, mourir ici ou écrasé par un camion, autant pousser l’expérience jusqu’au bout. Je crois qu’il veut que je sois une pute un peu rebelle. Il me met à quatre pattes et m’attache les poignets derrière le dos. La peur disparaît au profit du désir. Je vais me donner, je vais gueuler mon plaisir de me faire emmancher. C’est la première fois que ça prend cette tournure, mais elle me plaît, la brute. Maintenant, je ne peux plus me défendre. Il me bâillonne avec un vieux bandana qui pue le vieux foutre, c’est donc mon derche qui l’intéresse. La position est inconfortable et je suis obligé de poser la joue sur le bitume, réduit au silence. Il pourrait tout aussi bien me planter, me charcuter et me balancer aux poissons après.

Je me cambre. Il baisse mon froc. Il ramasse les capotes et le petit tube de gel qui étaient par terre, et je l’entends baragouiner dans sa langue avec un petit rire. J’ai de la chance me dis-je quand je l’entends déchirer l'enveloppe d'une capote et se la passer. Il m’enfonce l’embout du tube dans le cul et presse. Sans préparation, d’un coup, il s’enfonce. J’ai beau être large, je le sens passer! Le bandana ne m’empêche pas de gémir, même si mes cris sont étouffés. J’ai mal, putain j’ai mal! Il va me falloir plusieurs minutes avant que la douleur ne devienne du plaisir. C’est alors que je tends mon cul, que je l’invite à creuser encore plus. Il me besogne comme une bête. Je sens le plaisir qui me monte des entrailles. D'un coup, il tire sur mes couilles comme pour me les arracher. La sensation est trop forte. D’une poussée, c’est moi qui me plante à fond sur son mât. Il s’arrête brusquement et me couvre complètement de son corps. Son visage est tout près du mien. Le plaisir a transformé ses traits, les a comme adoucis, ses yeux brillent. Il arrache mon bâillon, penche sa tête sur le côté et immisce sa grosse langue dans ma bouche qu’il a si brutalement f o r c é e il y a quelques minutes. L’assaut est v i o l ent, mais possède tout de même un petit quelque chose de caressant. Il me parle tout bas, des mots en français, en anglais, en allemand. Je comprends peu à peu qu’il apprécie mon abandon face au mâle; il sent que j’aime la bite par-dessus tout.

Il revient derrière moi, ses mains épaisses passent doucement sur mes cuisses. J’ai encore envie d’être assailli. Je lui demande de me détacher.

— Détache-moi! Unbind me!

— OK!

Je retire mon froc, je me mets sur le dos, j’écarte bien mes cuisses vers l’extérieur pour lui présenter le trou qu’il vient de v i o l er, pour que son chibre vienne m’exploser l’anus encore une fois. Il me pénètre, mais son va-et-vient se fait plus doux, il me regarde gémir, il voit que je me hausse des hanches afin de mieux lui offrir mon trou, sa main me tiraille un téton, caresse doucement mon ventre sous le vêtement. Il sort sa queue, enlève la capote et se poste au-dessus de moi pour que je lui tète le biberon. Je vois bien son gland, je suis avide, je serre les lèvres autour, je pompe régulièrement mais fermement, encouragé par ses grognements de brute qui va jouir. Je crache sur sa bite pour que ça coulisse mieux et dans ma main pour lui masser les roubignolles en même temps. Ça y est, il jouit. Juste le temps de fermer les yeux, et tout son jus se déverse par saccades sur mon visage. Sa main vient l’essuyer en s’aidant du vieux bandana.

J’ai tout oublié, la dureté du bitume, la nuit. Il s’allonge près de moi dans l’obscurité. Il n’y a pas d’étoiles.

— Habiter là?

— Oui, tout seul.

— Wash me. I want to wash at home!

Je comprends qu’il veut venir chez moi prendre une douche. C’est le genre de proposition qu’il est impossible de refuser!

Arrivés chez moi, je lui laisse à peine le temps de se déshabiller. Il est encore plus beau. Il a perdu de sa superbe de mâle brutal. Il me roule une pelle timide et me dit:

— Cum! I make you cum, OK?

À nouveau j’écarte les cuisses et lui dis:

— Take me, one more time! Come on...

Il me chevauche comme un f o r c e né et nous jouissons ensemble en criant. Nos queues sont molles, dégoulinantes, flasques.

Je l’ai entendu entrer dans la salle de bains, et j’ai fini par m’endormir. Quand je me suis réveillé à l’aube, il était parti, mais son odeur flottait encore dans tout l’appartement.

Gérard

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